Menu Close

Chapitre 18 : Sakura et le retour de Kéro – Partie 1

Les conséquences de nos choix

Dans son salon, Sakura était assise sur le canapé et tenait une carte entre ses mains. Face à elle, Kéro, sous sa forme d’origine, s’adressa à elle.

– Sakura, tu n’aurais pas dû faire ça, je t’avais pourtant prévenue.

Sakura ne répondait pas, se contentant de regarder la carte.

– Clow n’étant plus en vie, tu es probablement la magicienne la plus puissante de ce monde, mais tu ne maitrises pas les conséquences de tes choix. C’était une mauvaise idée.

– C’est toi qui me dis ça ? Après tout ce que tu as fait, ou plutôt ce que tu n’as pas fait. Tu connaissais la nature du fléau, et tu ne m’en as jamais parlé. Tu savais très bien que j’avais ces souvenirs enfouis à l’intérieur de moi, je t’en ai parlé de nombreuses fois, et toi, tu as fait comme si de rien n’était. Tu savais que la perte de ces souvenirs pouvait être une des conséquences du fléau, et tu ne m’as jamais rien dit.

– Désolé Sakura. C’est vrai que j’y ai pensé, mais rien ne permettait d’affirmer que c’était le cas. Et même si j’en avais été sûr, je n’aurais pas pu t’en parler. Il y a des choses qu’un gardien ne peut pas dévoiler.

– Un gardien, voilà ce que tu es, alors que j’avais besoin d’un ami.

– C’est parce que je suis ton ami que je t’ai conseillé de ne pas utiliser cette carte.

– J’avais besoin de ça, pour comprendre ce qu’il s’est passé, pour avoir des réponses à mes questions.

– Est-ce qu’au moins ça a fonctionné ? As-tu eu les réponses à tes questions ? As-tu retrouvé Azusa ?

– Non, mais au moins j’ai essayé, je ne risquais rien à tenter le coup.

– Tu es égoïste. Et les autres ? Comment vont-ils réagir si leurs souvenirs reviennent aussi ? Le fléau est là pour protéger les cartes et les personnes impliquées.

– Je pense qu’il vaut mieux connaitre la vérité que rester dans l’ignorance. C’est valable pour moi, et c’est valable pour tout le monde aussi.

– C’est ce que tu penses, mais tout le monde n’est pas comme ça. Imagine que votre père réalise que sa femme est morte, non pas de maladie, mais d’un accident de voiture qu’il aurait causé. Tu imagines le choc ?

– C’est impossible, j’ai rétabli les souvenirs liés au fléau. Ma mère est morte bien avant ça.

– Qu’en sais-tu ? C’était peut-être la précédente Card Captor, tes parents étaient peut-être liés aux cartes, et sans elle pour les capturer, le fléau se serait répandu sur ses proches. Ton père aurait alors oublié la réelle cause de sa mort.

– Tu fais des hypothèses, tu sais très bien que ça ne s’est pas passé comme ça.

– Oui, ce sont des hypothèses. Et heureusement, ça ne s’est à priori pas passé comme ça. Mais c’est pour te montrer quelles pourraient être les conséquences de ce que tu viens de faire.

– De toute manière, c’est trop tard. Si quelque chose tourne mal, j’en assumerai les conséquences.

– J’espère que tu es prête alors. Ca commence maintenant.

Kéro reprit son apparence de peluche et vint se poser sur le canapé. Au même moment, quelqu’un frappa à la porte. Sakura se dirigea en direction de l’entrée pour aller ouvrir. Toya se trouvait dehors, les cheveux trempés par la pluie qui tombait. Il était visiblement arrivé à pied de chez lui.

– Toya ? Mais qu’est-ce que tu fais là, dans cet état ? Rentre, tu vas attraper froid.

Son frère ne bougeait pas, il se contentait de fixer sa petite sœur. Sakura se rendit compte que le ruissellement de la pluie sur son visage se mêlait à ses larmes.

– Ca ne va pas Toya ?

– Qu’as-tu fait, Sakura ? Qu’est devenu Yukito ? Où est-il ?

A son tour, Sakura était figée. Elle se souvenait maintenant de tous les détails. Yukito, la forme d’emprunt du juge Yué. Elle en était amoureuse lorsqu’elle était à l’école primaire. Mais plus que cela, son frère en était lui aussi amoureux, et ils avaient même passé plusieurs années de leur vie ensemble. Quand elle n’avait pas réussi à vaincre le juge, leurs souvenirs avaient été effacés, et Yukito n’était jamais réapparu.

Dans sa tête, elle entendait la voix de Kéro qui lui parlait en télépathie « Je t’avais prévenu, tu ne peux pas jouer avec les souvenirs sans en subir les conséquences ».

Des souvenirs retrouvés

Quelques jours plus tôt

Sakura était assise à son bureau, en train de feuilleter des livres et explorer des albums photos. Ce matin, elle n’avait pas été réveillée par une lugubre prémonition, mais par des souvenirs du passé avant qu’Azusa ne disparaisse. Ce week-end passé en famille dans la maison de campagne de son arrière-grand-père. Ce même week-end où Sonomi lui avait confié une boite contenant plein de souvenirs de famille. Le journal intime de son arrière-grand-père, ainsi que celui de Nadeshiko, la mère de Sakura, et plein de photos qu’il avait dû prendre.

Sakura n’avait lu que quelques pages, mais c’est en les parcourant qu’elle avait décidé de tenir elle aussi un journal intime.

Malheureusement, quelque temps plus tard, un incendie provoqué par Firey avait ravagé sa maison. Mais contre toute attente, la boite à souvenir avait survécu aux flammes, et avait été récupérée par un pompier qui l’avait ensuite rapportée à Sakura. C’était un miracle. Mais quand on est chasseuse de cartes, les miracles n’existent pas. Pour Sakura, c’était la carte Shield qui avait protégé ces souvenirs des flammes.

Depuis sa sortie de l’hôpital, elle n’avait pas rouvert la boite, et elle n’avait pas non plus continué à écrire dans son journal.

Elle avait donc décidé de recommencer à mettre par écrit ses pensées. Elle avait beaucoup de choses à rattraper : son renvoi de l’école, son nouveau travail, son ignoble remplaçant, et évidemment ses sentiments pour Shaolan. Mais avant ça, elle parcourrait les pages précédentes, comme pour s’imprégner de l’essence du journal.

Le récit commençait justement le jour de son retour du week-end à la campagne. Quel match épique elle avait fait contre Toya ! Azusa était fière d’elle. Elle lui avait appris à nager dans la piscine construite depuis peu, et avait été ravie de la voir échanger quelques balles. Le midi, ils avaient mangé un grand barbecue tous ensemble.

– Azusa… dit-elle avec un sourire un peu triste sur son visage.

C’est alors qu’elle prit réellement conscience de ce qu’elle venait de lire.

– Azusa ! Mais… Comment ?

Quelques mois plus tôt, lorsqu’elle sortit du coma, elle avait constaté que personne n’avait gardé de souvenirs d’Azusa. Personne n’avait conscience de son existence. Mais pire que ça, toutes les photos qu’elle avait pu prendre, toutes les vidéos que Tomoyo avait pu filmer, tous les jouets et affaires de sa fille, tout ceci avait disparu. La vidéo de sa fête de retour au Japon, que Tomoyo avait filmée chez Toya, n’avait pas été supprimée, elle existait toujours. Mais Azusa ne figurait plus sur le film. Elle n’apparaissait plus non plus sur les photos de la croisière de l’année dernière. Et c’était le cas pour toutes les autres vidéos ou photos. Pareil pour les documents officiels, comme la fiche de recensement de Tomoeda ou les registres de l’école. Azusa n’était inscrite nulle part.

Quand ses proches s’étaient interrogés sur son existence, Sakura avait voulu leur montrer ces preuves physiques, afin de justifier ses dires. Mais elle était tombée de déconvenue en déconvenue, quand elle se rendit compte que sa fille avait été, pour ainsi dire, effacée de la réalité. Quelle qu’en soit l’origine, il n’en restait plus aucune trace.

Mais quelle ne fut pas sa surprise quand Sakura vit que son journal intime mentionnait Azusa. Elle parcourut les pages suivantes, et tout était intact. La croisière, les balades avec sa fille, les moments partagés ensemble, ses bonnes notes à l’école, la sortie au Zoo et à l’aquarium. Tout était là et parlait explicitement d’Azusa. Elle continua à fouiller dans la boite et en sortit des dessins d’écoles que sa fille lui avait offert. Une preuve de plus qu’elle n’était pas folle et qu’Azusa avait bien existé. Malheureusement, il n’y avait pas de photos de sa fille dans la boite. Toutes celles qu’elle avait, étaient soit sur son téléphone, soit à d’autres endroits, et avaient donc disparu.

En continuant de fouiller dans la boite, elle tomba sur une photo qu’elle n’avait encore jamais vue. Il s’agissait d’elle et Shaolan, dans la maison de campagne de son arrière-grand-père. Incroyable. Elle avait maintenant la preuve que leur passé commun n’était pas qu’une invention sortie de son imagination, mais que tout avait vraiment existé.

Elle parcourut à nouveau le journal de son arrière-grand-père à la recherche d’une page qu’elle avait déjà lue plus tôt.

Aujourd’hui, elle m’a présenté son petit ami, ils sont dans la même classe.

Il parle très bien japonais pour un étranger.

Mais oui, elle lui avait présenté Shaolan, et une photo avait été prise à l’occasion.

Elle remit tout à sa place et sortit de sa chambre, la boite sous le bras. Tomoyo n’était pas dans sa chambre. Elle toqua à la porte de la salle de bain, mais son amie n’était pas là non plus.

– Tomoyo ? finit-elle par crier.

– Je suis dans le salon ! cria-t-elle à son tour.

Evidemment, la maison n’était pas si grande, si elle n’était pas à l’étage, c’est qu’elle était au rez-de-chaussée. Sakura descendit les escaliers et partit rejoindre son amie dans le salon. Elle était en train de lire un livre.

– Regarde Tomoyo, lui dit Sakura en lui tendant la boite.

– Qu’est-ce que c’est ?

– Des souvenirs de notre arrière-grand-père. Des photos, son journal intime, celui de ma mère. Cette boite aurait dû disparaitre par les flammes lors de l’incendie de notre ancienne maison. Mais elle a été protégée par Shield. Shield protège les objets précieux. J’y avais aussi mis mon propre journal après l’avoir commencé.

– Oh, le journal intime de ma petite Sakura, un ouvrage collector, j’ai hâte de le lire.

– Tu vas voir, la première page va t’étonner.

– Dit comme ça, on dirait un clickbait.

Sakura sortit son journal de la boite et lut à haute voix le récit du week-end en famille à la maison de campagne.

– Je sais ce que tu vas penser, ajouta Sakura. Mais non, je ne viens pas d’écrire tout ça. Evidemment, je n’ai rien pour le prouver. Mais tu dois me croire, tout ce qui est écrit dans ce journal, je l’ai écrit avant de tomber dans le coma, avant la disparition d’Azusa. Ce n’est pas la seule page qui parle d’elle.

– Je ne sais vraiment pas quoi en penser, Sakura. Je te fais confiance, j’ai juste du mal à réaliser, et à comprendre comment tout ceci est possible.

– Lis-le, dit-elle en lui tendant. Peut-être que des souvenirs te reviendront.

– D’accord, je vais lire tout ça, répondit-elle en acceptant le journal.

– Mais ce n’est pas tout !

Sakura montra la photo d’elle et Shaolan.

– Oh, c’est Shaolan, c’est une jolie photo. Où a-t-elle été prise ?

– Toujours à la maison de campagne.

– Tu l’as emmené là-bas ?

– Pas récemment en tout cas.

– Qu’est-ce que tu veux dire par « pas récemment » ?

– Je veux dire que cette photo n’est pas récente. Regarde, tu n’as pas l’impression que nous sommes plus jeunes ? Cette photo a dû être prise il y a une dizaine d’années. Dans son journal, mon arrière-grand-père a écrit qu’un jour, lorsque j’étais au lycée, je suis venu lui présenter mon petit ami. Tout se recoupe. Ca confirme ce que je disais. Shaolan et moi avons eu une relation au lycée. Je pense que quelque chose a effacé nos souvenirs, qu’ils soient matériels ou mémoriels, mais que Shield, en protégeant cette boite, a permis de les conserver.

– C’est totalement fou, Sakura.

– Shaolan et Kaho me l’ont répété plusieurs fois, les cartes sont mes amies, elles veulent faire le bien, elles ont protégé ce qui était précieux à mes yeux.

Après que Tomoyo eut fini de regarder les journaux, Sakura rangea tout dans la boite et se releva.

– Je vais prendre mon petit déjeuner et aller au sanctuaire Tsukimine. Je vais prier pour le retour d’Azusa. Tu veux venir avec moi ?

– Désolée Sakura, j’ai un cours particulier qui commence bientôt, je ne vais pas pouvoir t’accompagner. Mais je penserai à Azusa.

– Merci. Ne t’inquiète pas pour moi. Seule, c’est bien aussi.

Visite au sanctuaire

La dernière fois que Sakura était allée au sanctuaire Tsukimine, tout ne s’était pas bien passé. Erase avait effacé tous les habitants de la ville, Kéro et Azusa n’étaient pas réapparus, et Sakura était tombée dans le coma. Bref, des mauvais souvenirs. Mais comme on dit, la foudre ne tombe jamais deux fois au même endroit. Retourner là-bas avait un côté thérapeutique, et c’était surtout le lieu idéal pour prier et voir ses vœux les plus chers se réaliser.

Après avoir allumé de l’encens et prié dans le temple principal pendant plusieurs minutes, elle se leva et emprunta le chemin inverse. Comme à l’aller, elle passa devant le petit temple qui vendait des omikuji. Pas question d’en acheter aujourd’hui. La fois précédente, elle avait eu une grande malédiction, et Azusa avait fini par disparaitre. La suite de son parcours l’amena vers l’arbre sacré, un cerisier, où elle s’arrêta à nouveau pour une dernière prière. Il y a quelques mois encore, elle aurait probablement fondu en larme. Aujourd’hui, même si la peine était toujours aussi vive, elle avait pris du recul et n’avait qu’un objectif en tête : capturer toutes les cartes pour faire revenir Kéro, et lui demander ce qu’il avait pu advenir d’Azusa. Elle n’était même pas sûre que ça fonctionne, mais elle n’avait pas de meilleure idée.

A genoux devant l’arbre, elle sentit une main se poser sur son épaule. Elle ne se retourna pas tout de suite, imaginant un instant que c’était celle d’Azusa. Evidemment, ça ne pouvait pas être le cas. La main était beaucoup plus grande que celle de sa fille. Mais l’imaginer suffisait à lui redonner l’espoir. L’autre personne était silencieuse, préférant laisser Sakura dans ses pensées.

– Bonjour Kaho, se décida à dire Sakura.

– Bonjour Sakura. Tu m’as reconnue, ajouta-t-elle.

– Oui, l’énergie de la lune. Quand tu es proche, je peux désormais sentir ta présence comme je sens celle des cartes.

Elle se leva et se retourna, faisant maintenant face à Kaho qui portait sa tenue traditionnelle de prêtresse du temple Tsukimine.

– Tu travailles encore au temple aujourd’hui ?

– Oui, mes parents n’ont plus l’énergie pour s’en occuper à temps plein, donc je les aide comme je peux.

– Et l’école ?

– J’ai adapté mon planning pour faire les deux en même temps.

– Et toi, ton nouveau travail ? Tout se passe bien ?

– Oui, j’adore donner des cours particuliers et à des petits groupes. C’est différent de l’école, mais c’est plus convivial. Les personnes qui viennent aiment vraiment le tennis et veulent progresser.

– Je suis sûre que ton frère aurait aimé suivre des cours… pour te dépasser et prendre sa revanche. Mais étant donné que c’est toi le professeur, c’est impossible. Tu le connais, il ne s’abaisserait pas à te demander de l’entrainer.

– C’est de toute manière impossible, il ne peut pas gagner contre moi. Je suis la meilleure.

– Toujours cette rivalité frère-sœur. C’est à la fois mignon et énervant.

– On est comme ça depuis qu’on est petit, ça ne changera pas. Mais plus sérieusement, je n’ai rien à lui apprendre. Il est déjà très fort, ça s’en est vraiment fallu de peu.

Après une petite pause, Kaho continua.

– Tu ne lui as toujours rien dit à propos d’Azusa ? Ni à ton père ?

– Non, les seuls au courant sont toi, Tomoyo et Shaolan. Ils auraient eu du mal à comprendre, et je devrais leur dire la vérité à propos des cartes de Clow.

– Tu sais, ton frère n’est pas naïf. Même si accepter l’existence d’Azusa est une grosse étape, il sait que tu n’es pas juste sa petite sœur. Lors de la croisière, il t’a récupéré sur le pont, il m’a vu sortir sous la tempête sans que je lui explique quoi que ce soit, juste en lui demandant de me faire confiance. Et quand il était plus jeune, il voyait souvent ta mère après sa mort. Ce n’est plus le cas aujourd’hui, mais la magie l’habite comme toi. Vous êtes frère et sœur.

– Et moi, qui ai pourtant un pouvoir plus grand que le sien, je n’ai vu ma mère qu’une fois. C’est elle qui m’a aidé à capturer Erase. Elle m’a dit, à ce moment-là, que j’avais agi trop précipitamment en capturant Erase directement.

– Et c’est un très bon conseil. Les cartes sont tes amies, elles sont là pour t’aider. Ecoute-les, et tout ira bien.

Kaho fit demi-tour pour retourner s’occuper de visiteurs qui venaient d’arriver, laissant Sakura, songeuse, devant l’arbre sacré. Les cartes sont des amies. Mais comment leur faire confiance alors que l’une d’elles était visiblement responsable de la disparition de sa fille ?

Le quotidien de Muu Wakabayashi

Comme à son habitude lorsqu’il était chez lui, Muu Wakabayashi était assis dans un fauteuil qui semblait appartenir à un ancien temps. Il tenait dans sa main gauche un petit cahier, et un stylo dans la droite. Il jouait au sudoku. Sur la table basse, posée à côté d’une tasse de thé, une pile composée d’une demi-douzaine d’autres cahiers. Leur état global indiquait qu’ils avaient déjà été utilisés. Muu remplissait sa grille à une vitesse que peu de personnes pouvaient atteindre. Quand une grille était finie, il passait à la suivante.

A l’autre bout de la pièce, dans la pénombre, une jeune fille était en train de vérifier les cahiers.

– Impressionnant, je pensais que tu mettais des chiffres au hasard, mais les grilles me semblent bonnes.

– Evidemment. Ce jeu est trop simple pour moi. Je me demande pourquoi je continue encore.

– Tu ne devrais pas être au lycée pour donner des cours ?

– J’y suis en ce moment même. Un cours d’athlétisme. A peu près aussi passionnant que le sudoku.

– Tu as créé une illusion pour aller en cours à ta place ?

– Non, ce n’est pas une illusion. Je suis réellement ici et là-bas à la fois.

– Impressionnant, répéta la jeune fille qui semblait malgré tout indifférente.

– Je sais, même Clow lui-même n’en était pas capable. Ce qui prouve une fois de plus que c’est moi le plus grand sorcier de la Terre.

– Et Sakura ?

– Comment ça, Sakura ? Elle est peut-être l’héritière de Clow, mais elle ne lui arrive pas à la cheville. Depuis qu’elle est sortie du coma, elle n’a capturé que deux cartes. Tout ceci risque de durer encore longtemps.

– Elle n’y est pour rien. L’apparition de cartes ne dépend pas d’elle. Enfin, pas totalement. En revanche, pour ce qui est de la capture, elle ne rencontre aucun problème.

Muu semblait agacé, il n’aimait pas vraiment que sa partenaire valorise Sakura.

– Dans quel camp es-tu au juste ?

– Le tien évidemment. Nous visons le même objectif. Capturer les cartes de Clow une fois que la chasseuse les aura rassemblées. Mais je sais être réaliste. Sakura est puissante, il ne faut pas la sous-estimer.

Agacé, il referma son cahier de sudoku.

– Un autre de terminé, je vais devoir trouver un passe-temps. Quel est le nom de la console de jeux vidéo avec laquelle tu joues ?

– N’y pense même pas.

– Je ne te demande pas de me la prêter, juste de me donner son nom. Je vais en acheter…

Muu s’interrompit soudainement lorsque des secousses se firent ressentir.

– Qu’est-ce que c’est ? demanda-t-il ?

– Probablement un séisme, c’est assez fréquent au Japon.

– C’est la première fois que j’en ressens un. C’est assez désagréable. Ca dure longtemps ?

– Non, généralement quelques dizaines de secondes, et ça se calme sans avoir fait de dégât.

Muu se leva et se positionna à la fenêtre pour regarder au-dehors. Les voitures garées là vibraient, les passants étaient déséquilibrés, mais heureusement les bâtiments aux alentours étaient toujours intacts. Néanmoins, ce séisme ne semblait pas vouloir s’arrêter. Pire encore, il gagnait petit à petit en intensité.

– Ca ne se calme pas, continua Muu

– Alors nous avons un problème. Ce n’est pas un séisme naturel. Je le ressens, c’est une carte de Clow. C’est Earthy, il n’y a qu’elle qui puisse faire ça.

– Déjà Earthy ? Ca ne me plait pas, elle arrive trop vite, ça va remettre nos plans en question.

– Tu veux que j’aille empêcher Sakura de la capturer ?

– Non, surtout pas. Elle doit capturer cette carte, on ne peut pas rester avec un séisme sur les bras.

Séisme

Au même moment au sanctuaire Tsukimine, Sakura commençait à ressentir les premières secousses. Aussitôt, Kaho sortit du temple dans lequel elle était, pour mettre en sureté les quelques visiteurs. Les temples du sanctuaire étaient là depuis plusieurs siècles et avaient déjà résisté à plusieurs séismes. Il n’y avait pas d’endroits plus sûrs pour se mettre à l’abri.

Elle courut chercher Sakura, manquant de trébucher sur le chemin.

– Sakura ! Viens, ne reste pas là, c’est dangereux !

Sakura était immobile, imperturbable, ne répondant pas aux appels de Kaho.

– Les autres sont déjà à l’intérieur. Viens.

– Ce n’est pas un séisme, Kaho.

– Comment ?

– Ne l’as-tu pas senti ? C’est une carte de Clow.

Kaho prit un instant pour se concentrer et ressentir la magie.

– Tu as raison, c’est bien une carte de Clow. Mais je dois rentrer pour m’occuper des visiteurs. Tu vas t’en sortir seule ?

– Je vais essayer.

– C’est probablement Earthy, une des quatre cartes élémentaires, elle est très puissante. Fais attention à toi.

Sakura était désormais seule face à cette carte. Comment s’y prendre ? Elle invoqua Fly pour s’envoler et prendre un peu de hauteur. De là où elle était, elle voyait clairement la terre et les bâtiments vibrer. Avant toute chose, elle utilisa Shield pour créer un bouclier protecteur autour du temple dans lequel se trouvaient les visiteurs du sanctuaire. Mais ce n’était pas suffisant. Elle ne pouvait pas se contenter de ne protéger qu’une partie de la population. S’il arrivait quelque chose aux autres personnes, elle s’en voudrait. Elle commença alors à créer des boucliers sur tous les bâtiments environnants qui pouvaient contenir des habitants. Pour aller plus vite, elle accéléra sa course en utilisant Windy pour la propulser.

Elle put constater que le séisme n’était localisé qu’à Tomoeda, ce qui confirmait qu’une carte en était bien à l’origine. L’épicentre était au temple Tsukimine où elle se trouvait quelques minutes plus tôt. Une fois revenue, elle constata que non seulement le séisme était toujours présent, mais qu’il avait gagné en intensité. Heureusement, Kaho et les autres visiteurs étaient sains et saufs, du fait du bouclier de protection formé par Sakura. En revanche, le reste du sanctuaire avait subi quelques dégâts. Bien que solides, les temples étaient fissurés, et le toit effondré par endroit. A divers emplacements du sanctuaire, des crevasses s’étaient formées dans le sol, suffisamment grandes pour glisser dedans. Toutes ces crevasses se dirigeaient vers un point central : l’arbre sacré qui lui était toujours intact. Sakura n’en croyait pas ses yeux. Comment une carte de Clow pouvait-elle provoquer ce genre de dégâts ?

Parmi toutes les crevasses, l’une d’entre elles semblait s’élargir de plus en plus. Peut-être que sa vision lui jouait des tours, mais Sakura vit deux mains émerger du sol, élargissant davantage le trou duquel elles sortaient. Une fois qu’il eut atteint plusieurs mètres de largeur, une forme humanoïde se dressa devant Sakura. C’était une sorte de golem de pierre géant qui devait faire dix fois sa taille. Malgré la panique, Sakura invoqua Shadow. Un mur d’ombre engloba alors le temple dans lequel Kaho avait rassemblé ses visiteurs. Il n’était pas question qu’ils assistent au combat qu’elle s’apprêtait à mener. Mais ce n’était pas suffisant. De ses quinze mètres de haut, le golem pouvait être visible depuis n’importe quel endroit de la ville. A nouveau, Sakura utilisa Shadow pour créer un mur d’ombre tout autour du sanctuaire.

Le sanctuaire Tsukimine était désormais invisible du monde extérieur.

Toujours dans les airs, Sakura fit le tour du golem qui était pour le moment immobile.

– Mais il est énorme ! Comment je vais m’y prendre ?

Le golem n’attendit pas qu’elle trouve la réponse et lui envoya un coup de sa main, tel un humain essayant de chasser une mouche. Le rapport de taille n’était pas aussi disproportionné, mais la main du golem faisait bien, à elle seule, la taille de Sakura. Si elle recevait un coup, elle serait mise hors-jeu directement. Heureusement, la Sakura d’aujourd’hui maitrisait à perfection le vol, et évita le point du golem très facilement. Elle tournoyait autour de lui et passait entre ses jambes pour essayer de le déstabiliser, mais il restait solidement ancré sur sa position.

Puis, ignorant totalement Sakura, il se déplaça en direction du temple dans lequel Kaho et les autres visiteurs étaient réfugiés.

– Reviens ici, c’est moi ton adversaire !

Sakura invoqua Wood et lança des lianes vers le golem pour l’immobiliser. Malheureusement, il était tellement puissant qu’elles craquèrent au pas suivant.

– Mince, pas assez solide.

Sakura avait besoin de plus de magie. Elle savait ce qu’elle devait faire.

– Carte magique créée par Clow Read, abandonne ton ancienne apparence et transforme-toi ! C’est Sakura, ta nouvelle maitresse, qui te l’ordonne !

En duo

Wood scintilla et se teinta de rose, la couleur propre aux Sakura Cards. La carte tirait désormais sa force de Sakura, ce qui lui permettait de gagner en puissance. Elle utilisa alors la nouvelle Wood pour immobiliser Earthy. Mais cette fois, ce n’étaient pas de simples lianes qui entravèrent le golem, mais des pans de bois vinrent l’encercler et l’immobiliser. Le golem rugit de colère. Il se pencha pour attraper un rocher qu’il jeta sur Sakura. Elle s’apprêtait à invoquer Shield, mais le rocher était trop rapide. Alors que sa vie défilait devant ses yeux, elle entendit quelqu’un crier son prénom.

– Sakura !

C’était Shaolan. Elle ne l’avait pas vu arriver, mais il était là et protégeait ses arrières. A l’aide d’un talisman, il invoqua une bourrasque pour dévier la trajectoire du rocher qui fut renvoyé à son expéditeur. L’impact fut violent, frappant le golem à la tête, mais qui resta malgré tout immobile.

– Shaolan, merci, tu m’as sauvé la vie. Comment on s’y prend ?

– Comme ça, répondit-il en sortant son épée.

– Tu veux le découper en morceaux ?

– Oui, il est beaucoup trop grand, on ne peut pas le combattre sous cette forme. Tu l’as immobilisé avec Wood, profitons-en.

– OK on fait ça. Fly ! Aide Shaolan à se déplacer dans les airs.

Sakura invoqua la carte du vol, et deux ailes similaires aux siennes poussèrent dans le dos de Shaolan.

– Mais, comment fais-tu ça ?

– Je ne sais pas, je me suis dit que si Fly arrivait à me faire voler, peut-être que j’y arriverai avec toi.

– Super, ça va nous faciliter la tâche.

Tous deux s’envolèrent vers le golem, toujours prisonnier des pans de bois. Armé de leur épée, chacun d’eux s’occupait d’un des bras. Mais le golem était très résistant. Il y a quelque temps, Sakura n’aurait même pas réussi à entailler ne serait-ce qu’un doigt du golem. Mais après avoir transformé Sword lors de son dernier combat, elle n’éprouvait aucune difficulté à se battre contre lui. L’un comme l’autre coupaient de gros blocs de roches qui tombaient et se désintégraient au contact du sol.

– J’avais toujours pensé que mon épée était plus solide et affutée que Sword. Je vois que je me suis trompé.

– C’est parce que ce n’est plus une Clow Card. Je l’ai transformé lorsque je me suis battu contre Shadow. Elle est désormais plus puissante.

– C’est impressionnant. Je sais que tu peux transformer les cartes, tu m’en as déjà parlé, mais j’ai toujours du mal à m’y faire. Avant de te rencontrer, je ne savais pas que c’était possible. Clow Read n’avait probablement pas prévu qu’un autre sorcier s’approprierait ses cartes et les transformerait.

– Kéro m’a raconté que la première fois que j’ai changé des cartes, j’étais comme envoutée. Après coup, impossible de me souvenir comment j’avais fait. Je savais juste que je l’avais fait. C’est tout. Comme si je n’avais pas été totalement lucide pendant leur transformation. Un peu plus tard, j’ai recommencé, mais ces fois-ci j’étais vraiment consciente de ce que je faisais.

– Un peu comme ce que tu m’avais raconté pour Maze. Tu l’avais capturé sans t’en rendre compte ?

– Non, ça, c’est différent. Je n’ai vraiment aucune idée de comment j’ai capturé cette carte. Je l’ai capturé pendant mon sommeil sans m’en rendre compte. En tout cas, c’est ce que Kéro m’a dit. Il l’a trouvé au petit matin sous mon oreiller. Le changement de mon sceptre, et la transformation des cartes, j’étais bien réveillée et consciente de ce que je faisais. C’est juste que je ne sais pas comment j’ai fait ni comment m’est venue l’idée de faire ça.

Tout en discutant, Sakura et Shaolan esquivaient les coups du golem de terre et continuaient à le découper en morceaux. Ca semblait facile pour eux. Mais pour y arriver, Sakura avait dû déployer une force considérable et transformer Wood afin de l’immobiliser. Les blocs de pierre tombaient sur le sol, formant des nuages de poussière à l’impact, avant de disparaitre. Heureusement, Sakura l’avait suffisamment isolé du reste du sanctuaire pour n’abimer aucun bâtiment.

Quand il ne resta que quelques roches symbolisant la défaite annoncée du golem, Sakura prit son sceptre pour invoquer la formule de capture.

– Carte de Clow, reprend ta forme originelle, je te l’ordonne !

Un retour attendu

Le golem reprit sa forme de carte de Clow qui vint se placer dans la main de Sakura.

– Merci, dit-elle en souriant à Shaolan. On forme une belle équipe.

– Euh… oui, répondit-il gêné. Tu sais, Sakura, nous avons passé quelque temps ensemble ces derniers mois, mais je ne m’étais jamais rendu compte à quel point tu étais forte. Je t’ai peut-être sauvé la mise tout à l’heure face à ce gros rocher qui tombait sur toi, mais c’est tout de même toi qui as fait tout le boulot.

– Ne sois pas modeste, Shaolan, tu m’as bien aidé. Sans toi, ça serait beaucoup plus dur.

– Ma mère n’est pas du même avis. Elle m’a demandé plusieurs fois de rentrer à la maison.

Le visage si joyeux de Sakura commençait à perdre son sourire.

– Mais je lui ai dit que j’allais rester plus longtemps ici, continua-t-il. Tant que tu n’as pas retrouvé ta fille, tant qu’on n’a pas élucidé ce mystère des souvenirs perdus, j’estime avoir encore ma place ici. Et puis…

– Et puis ?

Shaolan semblait troublé.

– Sakura, qu’est-ce que c’est ?

Son doigt pointait vers la droite de Sakura. Elle se retourna et vit une boule de lumière vive qui grossissait à vue d’œil.

– Une nouvelle carte ? Déjà ?

– Non, ce n’est pas possible, la puissance que je ressens est forte, mais ce n’est pas une carte de Clow, répondit Shaolan.

– Alors, qu’est-ce que c’est ? Cette sensation, ça me semble familier.

La boule lumineuse laissa peu à peu place à deux ailes renfermées sur elles-mêmes.

– Mais, c’est…

Les ailes, qui venaient de s’ouvrir, firent apparaitre Kéro dans sa forme originelle, un gros lion au pelage doré.

– Ah, merci Sakura, tu as réussi à me faire revenir. Maintenant, il faut capturer Erase et ramener toutes les autres personnes qu’elle a fait disparaitre. C’est la carte à l’origine de ça. Mais… qui est ce garçon ? Pourquoi n’a-t-il pas été effacé comme les autres ?

Soudain, il entendit des cris venant de derrière lui. La situation étant de retour à la normale, Kaho avait levé le sort que Sakura avait placé sur le temple, et les visiteurs étaient maintenant libres d’aller et venir dans le sanctuaire. Mais à la vue d’un gros lion doré au sein même de ce lieu de culte, certains paniquèrent et partirent en criant.

– Tout le monde est revenu ? Tu as déjà capturé Erase ?

Les larmes aux yeux, Sakura serra Kéro dans ses bras.

– Tu es enfin de retour, Kérobéro.


En savoir plus

2 Comments

  1. Pingback:Bon anniversaire Sakura ! – Le fléau - Une fanfiction de Card Captor Sakura

  2. Pingback:Les coulisses du chapitre 20 – Le fléau - Une fanfiction de Card Captor Sakura

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.