Découpage du chapitre
Etat des lieux
Un mois s’était écoulé depuis que Sakura avait utilisé Illusion pour retrouver ses souvenirs. Elle était partie du postulat simple que si Erase pouvait recréer les éléments supprimés, Illusion pouvait faire de même avec les souvenirs altérés. La preuve, c’est ce qui s’était passé au moment de sa capture, lorsqu’Azusa était subitement revenue dans les souvenirs de tous ses proches, comme si elle n’en était jamais partie.
Ainsi, elle voulait faire de même avec sa mémoire qui comportait des zones d’ombre. Mais les choses ne fonctionnaient pas de cette manière. Si Illusion avait restauré aussi facilement la présence d’Azusa dans l’esprit de tous, c’est parce qu’elle-même était à l’origine de la disparition de ces souvenirs. Quand Sakura avait essayé de faire pareil, la tâche s’était révélée plus ardue. Elle avait d’abord dû transformer Illusion en Sakura Card, et déployer une force considérable pour récupérer quelques fragments de souvenirs. Les éléments revenaient dans sa mémoire de façon abrupte et morcelée.
Elle s’était tout d’abord souvenue de la chasse aux cartes. Pas celle qu’elle avait débutée il y a plus d’un an, mais celle qu’elle avait entreprise alors qu’elle n’était encore qu’à l’école primaire. Elle avait ouvert le livre de Clow il y a une quinzaine d’années et avait dû partir à la capture des cartes. Kéro était là, Shaolan aussi, confirmant ce qu’elle savait déjà depuis sa sortie du coma. Suite à la capture de toutes les cartes, elle dut affronter le juge, Yué. Malheureusement, elle n’était pas parvenue à le vaincre. Les cartes s’étaient réfugiées dans leur livre, les deux gardiens avaient disparu, et Shaolan était retourné chez lui à Hong Kong. Mais ce n’est pas tout. Le fléau avait emporté tous ses souvenirs et tous les souvenirs de ses proches. C’est ainsi qu’elle avait oublié l’existence des cartes et de Shaolan.
Quelques années plus tard, alors qu’elle était au lycée, les cartes réapparurent, elle avait à nouveau dû partir à leur recherche. Là encore, accompagnée de son fidèle acolyte Kérobéro, et surtout de Shaolan. Mais, à l’époque de l’adolescence, ils n’étaient plus cette fois de simples camarades de classe, ils avaient fini par tomber amoureux l’un de l’autre. L’amour, le sentiment le plus fort que Sakura ait jamais connu, et que le fléau était prêt à lui enlever. Après avoir à nouveau capturé toutes les cartes, Yué refit son apparition. L’issue du combat demeura la même. Sakura échoua à nouveau, avec les mêmes conséquences que lors de la première fois.
Tout ceci constituait les souvenirs effacés par le fléau, que Sakura venait de restaurer à l’aide d’Illusion. Mais son sort avait eu plus d’impact qu’escompté. La magie qu’elle avait déployée ne s’était pas contentée de restaurer ses propres souvenirs, mais aussi ceux de ses amis.
Pour quelqu’un comme Tomoyo, ce n’étaient que quelques bribes de souvenirs en plus. Leur lien d’amitié était tellement fort, que même après deux fléaux, elles étaient restées très amies. Elle avait uniquement oublié les évènements liés aux cartes.
Pour Kéro aussi, il y avait peu d’impact. Il s’était juste souvenu que c’était la troisième fois qu’il jouait ce rôle de gardien.
Mais pour Toya, les conséquences étaient plus profondes. Quand il avait frappé à la porte de chez sa sœur et qu’il lui avait demandé ce qu’il était arrivé à Yukito, tout lui était revenu en mémoire. Sakura se souvint pourquoi elle avait échoué contre le juge. Yué et Yukito étaient une seule et même personne. Plus exactement, Yukito était la forme d’emprunt qui permettait à son alter ego de vivre parmi les humains. Mais sachant ça, Sakura n’était pas parvenue à l’attaquer de toutes ses forces, de peur de le blesser. La première fois car elle était amoureuse de lui, et la seconde fois car c’était le petit ami de son frère. Suite à l’utilisation d’Illusion, Toya s’était donc soudainement souvenu de Yukito qu’il avait tant aimé, peut-être même encore plus que sa compagne actuelle. Déjà à cette époque, il suspectait sa sœur d’être liée à des choses étranges. C’est pourquoi une fois ses souvenirs revenus, il était allé chez elle pour lui demander des explications. Sakura n’eut d’autre choix que de tout lui raconter. Toutes ces années passées dans l’ignorance avaient créé chez lui un choc assez important. Il venait de se rendre compte que l’amour de sa vie n’était peut-être la femme avec laquelle il était sur le point de se marier, mais un homme avec qui il avait passé plusieurs années, mais qui avait totalement disparu de la circulation. Un homme qui n’était en fait qu’une enveloppe humaine pour un être magique. Ses sentiments en revanche étaient bien réels.
Après avoir bien réfléchi, il avait décidé de quitter Kaho. Même si Yukito n’était pas présent, il ne pouvait pas vivre dans le mensonge. Sans dire un mot, elle l’avait écouté lui expliquer les raisons de son départ. Elle semblait brisée. Mais ses blessures étaient bien plus profondes, et n’étaient pas dues qu’à la décision de Toya. Elle n’avait pas voulu en parler, elle aussi avait probablement recouvré de douloureux souvenirs.
C’est ainsi que Fujitaka et Toya s’étaient retrouvés vivre chez Sakura. Tous les trois, comme à l’époque où Sakura n’était qu’une petite fille.
En revanche, Shaolan n’avait pas été affecté par Illusion. Il n’avait toujours aucun souvenir des années passées avec Sakura à l’école primaire et au lycée. Aucun souvenir d’avoir chassé les cartes avec elle. Aucun souvenir des sentiments que lui aussi avait pu ressentir pour Yukito. Et évidemment, aucun souvenir de son histoire avec Sakura. D’après Kéro, la magie de Sakura n’avait pas atteint Shaolan, car il disposait lui-même d’un grand pouvoir. Après tout, ce n’était pas si grave. Sakura était amoureuse de Shaolan, elle souhaitait que ses sentiments soient réciproques, mais elle ne voulait pas que ça soit dû à des souvenirs retrouvés. Elle ne voulait pas emprunter de raccourcis. Shaolan devait tomber amoureux d’elle naturellement. Ce n’était pas totalement gagné, car tout comme Kéro, Shaolan lui avait vivement reproché d’avoir utilisé Illusion sans en mesurer les conséquences. Elle avait promis de ne plus jamais utiliser cette carte pour manipuler les souvenirs. Elle avait encore quelques étapes à franchir pour reconquérir le cœur de Shaolan, mais elle était confiante. Ils avaient justement rendez-vous ensemble aujourd’hui. Un moment à passer tous les deux. C’est tout du moins ce qu’ils pensaient.
Un rendez-vous en préparation
Shaolan était assis dans le salon de chez Sakura, les yeux rivés sur son téléphone.
– Tu as vu, gamin ? Il y a le dernier Chrono Fighter DX qui vient de sortir. J’ai joué toute la nuit, je suis épuisé. Mais quand je commence, impossible de m’arrêter. Tu veux faire une partie contre moi ? Je vais t’écraser.
Impassible, Shaolan continuait de regarder l’écran de son téléphone, sans prêter attention à Kéro.
– Le précédent était déjà pas mal, mais cette version est encore mieux. Il y a plein de nouveaux personnages, et les effets spéciaux sont encore mieux qu’avant.
De toute évidence, ce que racontait Kéro ne l’intéressait pas, ce qui n’empêchait pas Kéro de continuer à lui parler.
– Bruce Kadaman et Loli Ichigo sont les meilleurs personnages. En tout cas de mon point de vue. Leurs coups spéciaux sont dévastateurs, et leurs finishs sont mémorables. Encore mieux que Johnny Cage dans Mortal Kombat. J’étais fan de Mortal Kombat, avant l’arrivée de Chrono Fighter. Maintenant, je ne jure que par ça. J’ai bientôt terminé le mode histoire sur chacun des personnages. Une fois que ça sera fini, je pourrais personnaliser leurs costumes en dépensant des pépites dans le store. D’ailleurs, tu pourrais me prêter ta carte pour acheter des pépites ? Sakura ne veut pas que j’utilise la sienne. Elle m’a dit que l’argent se gagne, et que tant que je ne travaille pas, elle ne me donnerait pas d’argent. C’est tellement abstrait tout ça pour moi. Avant quand je vivais avec Clow, je n’avais pas besoin d’argent. Il faut dire aussi que je n’avais pas de jeux vidéo.
Devant l’absence de réaction de Shaolan, Kéro l’interrogea.
– Dis donc, gamin, tu m’écoutes un peu quand je te parle ?
– Malheureusement, nous sommes dans la même pièce, je n’ai pas vraiment le choix, finit par répondre Shaolan.
– Alors pourquoi tu ne me réponds pas ?
– Ca ne m’intéresse pas.
– Tu pourrais au moins faire semblant de t’intéresser à ce que je dis.
– OK. Tu connais la fatality de Shaolan dans Shaolan versus Kéro Ultimate Fight ?
– Vas-y, montre-moi pour voir, je n’attends que ça. Sur un jeu vidéo comme en vrai, je n’aurai besoin que de mes deux pouces pour te maitriser.
Shaolan tendit brusquement les bras vers Kéro pour l’attraper, avant que celui-ci ne s’envole. Il vola jusqu’à la cuisine, suivi de peu par son poursuivant. Dans l’entrée, Shaolan s’arrêta net. Sakura était en train de descendre les escaliers.
– Alors, tu t’amuses bien avec Kéro ? demanda-t-elle ?
Son ami resta sans voix, le souffle coupé, hypnotisé par cette vision. Sakura avait fini de se préparer. Elle était habillée d’une robe jaune pâle, ornée à différents endroits d’étoiles qui brillaient sous les reflets de la lumière. De bas blancs recouvraient ses jambes, eux aussi accompagnés d’étoiles jaunes alignées le long du côté extérieur. Le même motif était répété sur ses chaussures, et dans ses cheveux. Elle portait aussi la gourmette que Tomoyo lui avait offerte lors de son retour au Japon, et les boucles d’oreilles en forme de lune et de soleil de ses élèves du club d’athlétisme. Pour compléter, un léger maquillage qui mettait en valeur ses beaux yeux verts.
– Quelque chose ne va pas ?
– Euh… si, tout… tout va bien, bégaya Shaolan.
– Tu n’en donnes pas vraiment l’air. Ma robe n’est pas belle.
– Au contraire, tu es magnifique, Sakura.
– Merci, répondit-elle timidement en rougissant. Je dois beaucoup à Tomoyo. Elle a créé cette robe. C’est elle qu’il faut complimenter.
– Non, je parlais de toi, Sakura. C’est vrai que le travail de Tomoyo aide beaucoup, mais c’est toi qui es magnifique, même sans la robe tu le serais aussi.
A ces mots, Sakura devint rouge comme une pivoine.
– Sans la robe ?
– Raaah, non, oublie ça, ce n’est pas ce que je voulais dire. Je ne veux pas te voir sans vêtement.
Tomoyo l’imprévue
Comprenant que plus il parlait, plus il s’enfonçait dans ses explications, Shaolan coupa court à la conversation, prétextant qu’il était l’heure de partir, s’ils voulaient profiter de leur après-midi à Tokyo. Mais quand il ouvrit la porte, il tomba nez à nez avec Tomoyo. Surprise, elle recula d’un pas.
– Oh, bonjour Shaolan, qu’est-ce que tu fais là ?
– Rien du tout !
– Rien ? Mais au moins, est-ce que Sakura sait que tu es là ?
– Tomoyo ? C’est toi ? demanda Sakura qui venait d’arriver derrière Shaolan.
– Wahou, ma petite Sakura, trop mignonne comme ça, c’est la robe que j’avais faite pour toi.
– Merci, répondit-elle en tournant sur elle-même.
– C’est pour aller à la pièce que tu t’es habillée comme ça ?
– La pièce ?
– Coucou, dit Hikari qui venait d’apparaitre derrière Tomoyo, et faisait signe de la main.
En voyant Sakura dans sa robe, elle eut la même réaction que Shaolan quelques minutes plus tôt.
– Prof… Sakura, vous êt… tu es… enfin… ta robe est magnifique, finit-elle par dire.
– Merci. Mais de quelle pièce parles-tu, Tomoyo ?
– Eh bien, la pièce de théâtre jouée par les élèves du lycée de Tomoeda. On est venus te chercher. Je ne savais pas que tu avais aussi invité Shaolan.
Sakura posa les deux mains sur sa bouche, son visage exprimait un mélange de surprise et de culpabilité.
– Mince, j’ai complètement oublié, dit-elle, la voix étouffée par ses mains. Avec Shaolan, on allait partir à Tokyo.
– Je comprends ma petite Sakura, l’amour ne peut pas attendre, mais c’est dommage pour tes anciens élèves.
– Oui, je sais. Nobuki, Satsuki, Nanami et Masao, ils comptent sur moi.
– Et même Ryûsuke ! compléta Hikari.
Voyant l’air triste de Sakura, Shaolan lui proposa un plan différent.
– Mais sinon, tant pis pour Tokyo, on ira un autre jour. Et pour aujourd’hui, je peux vous accompagner au théâtre.
– Tu es sûr, Shaolan ? Ca ne te dérange pas ?
– Mais non, je te le propose. C’est une sortie comme une autre. On aura bien d’autres occasions plus tard.
– Je te ferais une robe encore plus belle pour ton prochain rencard avec Shaolan.
– OK, faisons comme ça. J’avais bientôt fini de me préparer. Laissez-moi encore quelques minutes, et on y va tous ensemble.
Quelques minutes plus tard, les quatre amis étaient dans la voiture de Tomoyo, en direction du lycée, pour assister à l’unique représentation de La belle au bois dormant, par les élèves de terminale.
Retour au lycée
C’était la première fois depuis son exclusion que Sakura revenait au lycée. A part son absence, on ne pouvait pas dire que les choses avaient beaucoup changé. Pour l’occasion, la grande pièce commune avait été réaménagée pour en faire une salle de théâtre. Des chaises avaient été installées pour que les spectateurs puissent suivre la représentation, des enceintes étaient positionnées aux quatre coins pour permettre une meilleure sonorisation, et une estrade était placée le long d’un mur pour surélever les acteurs.
A peine arrivée, Sakura s’était fait remarquer par des élèves qui étaient immédiatement venus la saluer. Beaucoup la regrettaient. En revanche, ce n’était pas le cas du directeur, qui la foudroya du regard. Mais après tout, la représentation était publique, chacun était libre de venir. Personne ne pouvait l’empêcher d’être présente.
Ils choisirent finalement une rangée pas trop proche de la scène pour ne pas se faire remarquer davantage. A l’extrémité de cette rangée, Tomoyo et Hikari se rendaient la politesse pour savoir qui s’installerait en première. C’est finalement Sakura, qui s’engagea et s’installa un peu plus loin. Tomoyo vint s’installer juste à côté de Sakura, puis Hikari les dépassa toutes les deux pour se placer de l’autre côté de son ancienne professeure. A son tour, Shaolan les rejoint, pour constater que les deux filles s’étaient assises de part et d’autre de Sakura, et que le rendez-vous qu’ils avaient prévu s’était envolé au moment même où Tomoyo s’était présentée à la porte une demi-heure plus tôt.
– Euh…
C’était la seule onomatopée qu’il avait réussi à prononcer.
– Oh, mince, tu voulais t’asseoir à côté de Sakura ? lui demanda Tomoyo.
– Oui, on avait prévu de passer l’après-midi ensemble.
– Oh, désolée, continua Hikari. Mais nous aussi, on avait prévu d’aller au spectacle ensemble.
– C’est moi qui suis désolée. Quand j’ai accepté ton rendez-vous, Shaolan, j’avais oublié qu’il y avait la représentation du club de théâtre. Peut-être que l’une de vous deux peut lui laisser sa place ?
Les deux filles se regardèrent, sans dire un mot, attendant mutuellement que l’autre se dévoue pour laisser la place.
– Laissez tomber, dit le garçon en s’asseyant à côté de Tomoyo.
– Désolé Shaolan, on refera une vraie sortie rien que tous les deux un peu plus tard, lui dit Sakura pour essayer de le réconforter.
Déçu mais résigné, il se contenta de répondre un simple « Oui ».
– Alors, Sakura, ça te fait quoi de revenir ici ? Ah, ou professeure ? On est dans le lycée, je dois t’appeler professeure ou Sakura ?
– Hikari, je ne suis plus professeure ici.
– Oui, mais tu es toujours ma professeure de tennis.
– Mais nous ne sommes pas au club de tennis. Et même là-bas tu m’appelles Sakura, continues à m’appeler comme ça. C’est mon prénom.
– Désolée, c’est toujours un peu compliqué toutes ces bienséances. Donc, ça te fait quoi ?
– Franchement, ça fait plaisir. Ca me rappelle de bons souvenirs. D’enfance avec Tomoyo, Shaolan, et les autres amis. Et aussi des bons souvenirs plus récents, avec mes élèves.
– Et le club d’athlétisme !
– Surtout le club d’athlétisme. J’espère juste que mon remplaçant ne sera pas là. Je ne l’ai croisé qu’une fois, ça m’a suffi.
– M. Wakabayashi ? demanda Tomoyo.
– Oui.
– Ah, tu n’es pas au courant, Sakura ? continua Hikari.
– Quoi ? Il est mort ?
– Mais non, pas du tout. Pourquoi tu vas imaginer des choses comme ça ? Mais visiblement, tu n’es pas au courant. Il est bien là, mais dans les coulisses. Il s’occupe de la mise en scène de la pièce et de l’organisation du club.
– Non, sérieusement ? Mais pourquoi les anciens membres du club d’athlétisme y sont ? Je pensais qu’ils le détestaient ?
– C’est bien le cas, plus que jamais. Mais il a commencé à encadrer le groupe pour remplacer la prof d’art dramatique quand elle a été malade pendant un mois.
– Encore ? Je vais finir par penser que remplacer les autres, c’est son passe-temps.
– Les autres n’étaient pas forcément ravis, mais ça se passe plutôt bien. Il ne fait pas de vague.
– Franchement, il m’insupporte. Quand je l’ai vu la première fois, j’avais envie…
– De lui écraser la tête avec ta raquette de tennis ? compléta Tomoyo.
– C’est à peu près ça. Pourtant, je n’aime pas la violence.
– Ca se voit, rigola Hikari en sortant son téléphone de sa poche. Ah, je viens de recevoir un message des autres. Surprise ! Finalement, Ryûsuke ne jouera pas dans la pièce. Il serait subitement tombé malade, alors qu’hier il était en parfaite santé.
– Une crise aigüe de flemme ? demanda Sakura.
– Probablement, tu le connais bien.
– Mais ça ne va pas déranger les autres ?
– Ca va, ils vont s’en sortir. Il jouait… un arbre. Quelqu’un reprendra son rôle.
– Ahah, ça me rappelle le rôle de boite de sardines que jouait…
– Yukito… continua Tomoyo.
– Qui est Yukito ? demanda Hikari.
– C’est… compliqué. Un ami, qui n’est plus là, répondit Sakura d’un air triste.
– Je suis désolé, je ne voulais pas raviver de mauvais souvenirs.
– Non, ne t’inquiète pas. Au contraire, ce sont de bons souvenirs.
– Hé, les filles, taisez-vous un peu, interrompit Shaolan un peu agacé. Les lumières s’éteignent, ça commence.
– On dirait que quelqu’un est de mauvais poil, répondit Tomoyo sur un air taquin.
Mauvais poil ou pas, Shaolan avait raison. La lumière diminuait, et la pièce était sur le point de commencer.
Début de la représentation
La lumière toujours éteinte, une voix off introduisit la première scène.
Il était une fois un roi et une reine qui étaient si fâchés de n’avoir point d’enfants, si fâchés qu’on ne saurait dire.
L’obscurité fut alors rompue par un spot de lumière, éclairant le couple royal qui tenait un nouveau-né dans leurs bras. Le rôle du roi était tenu par Masao, qui était resplendissant dans son costume.
Vint ensuite la méchante fée, chargée de lancer la malédiction sur la princesse.
– Mais, c’est Nanami ? demanda Sakura à voix basse.
– Oui, c’est bien elle, répondit Hikari. Elle est terrible. Ce rôle lui va comme un gant.
– Et Nobuki et Satsuki, où sont-ils ? Je ne les ai pas encore vus.
– Patience, ils arrivent.
En guise d’ellipse, la lumière s’éteint à nouveau, laissant ensuite place à la princesse qui avait atteint l’âge de l’adolescence, et qui allait bientôt être plongée dans un profond sommeil.
– Nooon, sérieusement, c’est Nobuki qui joue la princesse ! Comment vous avez réussi à le convaincre ?
– Alors ça, je me pose encore la question. Les rôles ont été tirés au sort, et c’est tombé sur lui. Il voulait refuser, mais après une discussion avec les autres, il a fini par accepter. Mais ce n’est pas tout. Attends de voir la suite.
– Ne me dis pas que Satsuki…
De fait, quelques minutes plus tard lors de l’entrée du prince, Sakura eut la surprise de constater que c’était Satsuki qui tenait ce rôle.
– Alors, tu en penses quoi Sakura ? Nobuki et Satsuki qui jouent tous les deux les rôles de la princesse et du prince.
Sakura ne répondait pas, elle semblait perturbée. Alors qu’Hikari tourna la tête pour voir ce qu’elle avait, la salle fut subitement plongée dans l’obscurité. Mais cette fois, ça ne faisait pas partie de la pièce. Ce n’était pas une mise en scène pour introduire une nouvelle partie de l’histoire. Sakura sentit deux mains se poser sur ses épaules, et quelqu’un lui murmurer à l’oreille « Tout ira bien, Sakura ». C’était la voix de sa mère. Malgré tout l’amour qu’elle portait pour sa mère, elle savait maintenant que chaque fois qu’elle la voyait, ou qu’elle lui parlait, c’est que quelque chose était en train de se passer. Elle sentit ensuite une main attraper la sienne. Cette fois, c’était Tomoyo.
– Sakura, tu vas bien ?
Elle ne répondait pas. Tomoyo n’entendait que des sanglots.
Quelques secondes plus tard, la lumière se ralluma, et une voix annonça aux spectateurs : « Veuillez nous excuser pour ce petit problème technique, tout est rentré dans l’ordre, la pièce va pouvoir continuer ».
Sakura lâcha la main de son amie, se leva, sortit de la rangée pour sortir de la salle en courant. A peu près tout le monde s’était retourné pour voir ce qu’il passait. La pièce reprit néanmoins, avec la rencontre imminente entre la princesse Nobuki et le prince Satsuki.
Tomoyo regardait Shaolan d’un regard noir.
– Mais qu’est-ce que tu attends ? Va la rejoindre.
Le garçon se leva à son tour, et sortit discrètement de la salle pour ne pas perturber davantage la représentation.
Sakura était assise dehors, sur un banc, la tête entre les mains. Elle essuyait ses larmes et tentait de reprendre une respiration normale. Shaolan s’approcha, s’assit à côté d’elle et lui prit la main.
– Sakura, ça va mieux ? Qu’est-ce que tu as ?
– Ce qu’il vient de se passer, j’ai déjà vécu ça. Nous avons déjà vécu ça.
– Un autre rêve prémonitoire ? Un déjà-vu ?
– Non, ça n’a rien à voir avec tout ça. Nous avons déjà réellement vécu cette scène. C’était à l’école primaire. Nous jouions aussi la belle au bois dormant, j’étais le prince, et tu étais la princesse. A un moment, l’obscurité s’est emparée de la salle, et de toi. J’étais seule dans le noir, plus personne ne pouvait me venir en aide. C’était une carte de Clow. C’est comme ça que j’ai capturé Light et Dark. Même si ce n’était pas le cas aujourd’hui, ça m’a rappelé tous ces souvenirs. Des réminiscences du passé. C’est très… perturbant quand ça arrive. Pendant longtemps, je n’arrivais pas à me souvenir. Mais maintenant que je me souviens, j’ai l’impression que c’est encore pire.
– Sakura, tu…
– Je sais, l’interrompit-elle, je n’aurais pas dû utiliser Illusion.
– Non, ce n’est pas ce que j’allais dire. Tu peux compter sur moi, Sakura. Même si je n’ai pas les mêmes souvenirs, tu peux compter sur moi. Tu peux compter sur tous tes amis. Nous sommes là.
Elle serra Shaolan dans ses bras, et lui dit merci à l’oreille.
– Allez, nous devons y retourner, nous allons rater la fin de la pièce. Hikari et Tomoyo doivent s’inquiéter de ne pas te voir revenir.
– D’accord, allons-y.
Avant de se relever, Sakura sortit son téléphone de son sac pour voir l’heure qu’il était. L’écran affichait 17 appels en absence. Des appels de son père, de Toya, et d’un numéro qu’elle ne connaissait pas. En plus de ces appels en absence, il y avait 5 messages sur son répondeur. Elle n’avait pas fini d’écouter le premier, que son téléphone lui glissa des mains.
– Sakura ?
– Ils… Ils ont retrouvé Azusa.
Un retour tant attendu
Dès qu’elle avait pris connaissance des messages sur son répondeur, Sakura avait foncé en direction du commissariat de police de Tomoeda. Les inspecteurs avaient essayé de l’appeler plusieurs fois, mais les appels n’avaient pas abouti car elle avait mis son téléphone en mode silencieux pour ne pas perturber la pièce. Ils avaient alors contacté Fujitaka et Toya pour les mettre au courant, qui avaient à leur tour appelé Sakura et laissé quelques messages.
Quand elle arriva sur place, Toya était assis dans la salle d’attente, et portait Azusa sur ses genoux. Sakura courut vers eux pour prendre sa fille dans ses bras. Elle pleurait de joie.
Le retour d’Azusa était aussi mystérieux que les conditions de sa disparition. Quand les policiers l’avaient interrogé, elle avait juste répondu qu’elle s’était endormie, puis qu’elle s’était réveillée devant le commissariat. Ne sachant pas quoi faire, elle était tout simplement rentrée dans le bâtiment pour demander d’appeler sa maman. L’inspecteur en charge de l’enquête sur sa disparition l’avait tout de suite reconnue. C’est à ce moment-là qu’il avait essayé de contacter Sakura.
Il restait encore beaucoup de choses à élucider, mais pour l’heure, Sakura avait été autorisée à rentrer chez elle avec sa fille. Le plus important pour Azusa était de retrouver un environnement familier.
Le soir, Fujitaka était rentré à la maison, et ils avaient mangé ensemble tous les quatre. Tout semblait normal pour Azusa. Comme si sa disparition, qui datait pourtant d’il y a huit mois, n’avait en fait duré que quelques heures. Sakura n’avait pas voulu lui poser de questions tout de suite, préférant profiter du moment présent, et du bonheur d’avoir retrouvé sa fille. Ils avaient donc mangé tous ensemble, joué, et Sakura avait lu une histoire à Azusa pour l’aider à trouver le sommeil. Tout était redevenu comme avant.
Une fois sa fille endormie, Sakura était retournée dans le salon pour passer du temps avec Toya et son père. Elle était rayonnante. Son visage arborait un sourire qu’elle n’avait pas eu depuis longtemps. Malgré tout, l’ambiance demeurait étrange. Sakura le sentait, et elle savait bien d’où cela venait. Tout le monde se demandait, à juste titre, où était passée Azusa pendant tout ce temps. Evidemment, elle aussi se posait cette question, mais pour l’heure, elle ne voulait pas y penser.
Plus tard dans la soirée, en allant se coucher, elle entrouvrit la porte de la chambre de sa fille, pour s’assurer que tout allait bien. Azusa était là, elle dormait paisiblement, tout était normal. Sakura s’endormit le cœur paisible, pour la première fois depuis longtemps.
Home Sweet Home ?
– Maman ! cria Azusa qui venait de débarquer dans la chambre de Sakura, en sautant sur son lit.
– Oh, mon amour, ces réveils en fanfare m’avaient manqué.
Elle tourna la tête vers le réveil posé sur son chevet.
– Par contre, il est un peu tôt pour un dimanche, dormir un peu plus ne nous aurait pas fait de mal.
– J’ai faim, se contenta de répondre Azusa.
– J’ai compris, on va descendre pour prendre le petit déjeuner.
En bas, Toya était en train de prendre son petit déjeuner. Il semblait ailleurs, il ne les avait pas vu descendre. Ce n’est pas la première fois qu’elle le voyait comme ça, Sakura devina qu’il était en train de penser à Yukito. Elle avait retrouvé son bonheur, mais lui en était toujours séparé. Elle murmura quelques mots à l’oreille de sa fille, qui fonça tout de suite vers son oncle.
– Tonton Toya !
– Ah, ma petite Azusa, dit-il en la posant sur ces genoux. Alors, tu as bien dormi ?
– Oui, très bien. J’ai faim.
– Eh bien, tu es décidément comme ta mère.
– La nourriture, c’est une institution dans la famille, répondit Sakura.
– Oui, c’est pour ça que papa nous a préparé des pancakes avant de partir au marché. Sers-toi, ils sont encore tièdes.
– Ca me fait plaisir que tu sois à nouveau à la maison Toya, mais j’aurais dû insister pour que papa revienne bien plus tôt. C’est le roi du pancake.
– Si tu veux, quand j’aurai retrouvé un appartement, on pourra faire une garde alternée, plaisanta-t-il.
– Je suis encore désolée pour tout ça, Toya. Tout est de ma faute. Vous formiez un si beau couple avec Kaho.
– Allez, c’est fini. C’est difficile, j’ai eu du mal à l’accepter, mais tu avais raison. Je préfère connaitre la vérité plutôt que de vivre dans l’ignorance.
Une fois le petit déjeuner, Azusa partit dans le salon pour regarder la télé. Elle cherchait désespérément la télécommande que Sakura avait enlevée. Elle venait de rentrer à la maison, il n’était pas question qu’elle reprenne de mauvaises habitudes. Finalement, au bout de quelques minutes, elle s’installa en tailleurs devant la table basse avec son cahier de coloriage.
– Le jour où elle comprendra qu’elle peut allumer la télé sans la télécommande, tes manigances tomberont à l’eau.
– Ne parle pas de malheur. Pour le moment, elle n’en sait rien.
Sakura regardait sa fille, les yeux brillant de bonheur. Toya l’observait aussi, mais son expression était plus neutre, voire même sombre.
– Sakura. Tu ne…
– Tais-toi, s’il te plait, le coupa-t-elle.
Les yeux emplis de bonheurs avaient laissé place à quelques larmes.
– Tu ne peux pas continuer à te voiler la face. Tu sais très bien que ce n’est pas normal. Les cartes, tout ce que tu m’as expliqué, je n’y comprends pas grand-chose. Mais cette magie que tu possèdes, moi aussi je l’ai. Et même si c’est dans des proportions bien moindre, c’est suffisant pour se rendre compte que tout ceci n’est qu’un doux rêve qui finira par s’arrêter. Papa aussi l’a ressenti, il m’en a parlé ce matin.
– Je sais.
– Que sais-tu exactement ?
– Je sais que ce n’est pas Azusa. Je l’ai su dès que je l’ai pris dans mes bras, hier, au commissariat. Mais s’il te plait, laisse-moi profiter encore un peu de ce bonheur, même s’il n’est pas réel.
Toya se leva, prit sa sœur dans ses bras et l’embrassa sur le front.
– Je sors rejoindre papa au marché. Fais ce qui est bien pour toi. Mais plus tu vivras dans ce mensonge, plus en sortir sera difficile. Je sais de quoi je parle.
Il quitta la maison, laissant Sakura seule avec sa fille.
Azusa était en train de dessiner quand Sakura approcha derrière elle. Après avoir fini toutes les pages du cahier de coloriage, elle avait pris des feuilles vierges et dessinait librement. Des dessins exceptionnels, criants de réalité, représentant à la perfection les modèles dont elle s’était inspirée. Parmi ses dessins, il y avait Nadeshiko dans sa robe de mariée, avec à ses côtés, son bien-aimé Fujitaka. Sakura connaissait bien cette photo. Elle avait été sauvée du feu qui avait dévasté leur ancienne maison. Le dessin était tellement réaliste qu’elle avait même pensé qu’il s’agissait de la photographie.
– C’est très joli Azusa. Tu viens me faire un câlin ?
Azusa posa ses crayons pour venir se blottir dans les bras de sa mère, désormais assise sur le canapé. Apaisée par la chaleur de sa mère, elle ferma les yeux. Pendant ce temps, le pendentif que Sakura tenait dans sa main se changea en sceptre magique. Elle était maintenant tellement puissante, qu’elle pouvait utiliser la magie sans réciter les incantations, comme les sortilèges informulés dans Harry Potter. Toujours sans dire un mot, le sceptre se mit à briller, et Azusa, désormais endormie, se dispersa en une nuée de petites étoiles. Une carte de Clow apparut dans la main de Sakura.
Elle se leva et monta les escaliers au ralenti. Elle avait l’impression de peser une tonne. Le poids moral d’avoir à nouveau perdu sa fille qu’elle venait de retrouver. Dans sa chambre, elle tomba sur le lit, et se mit à pleurer, la tête dans l’oreiller.
Kéro, qui était juste à côté, savait ce qu’il venait de se passer. Lui aussi avait bien ressenti que cette Azusa n’était pas réelle. Il regarda la carte dans la main de Sakura. C’était Mirror, cette carte qui peut prendre l’apparence exacte d’une autre personne.
Kéro avait beau avoir retrouvé ses pouvoirs quelques mois plus tôt, il ne s’était jamais senti aussi inutile que face au chagrin de Sakura. Gêné, ne sachant quoi faire, il quitta la pièce. La porte fermée, il entendait toujours les pleurs de Sakura.
Nouveau départ
– Sakura, attention à toi !
Kéro se précipita vers Sakura, projetant devant lui un jet de flamme, pour l’empêcher de recevoir l’attaque de son ennemi. Immobile au sol, elle tenait Shaolan dans ses bras, visiblement blessé par le combat qu’ils étaient tous en train de mener.
– Merci Kéro, tu viens de nous sauver.
– Je suis le gardien des cartes, mais je suis aussi ton protecteur Sakura.
– Tiens le coup, mon amour, dit-elle ensuite, Shaolan toujours dans ses bras. Tu dois vivre. Nous avons besoin de toi.
Derrière elle, une jeune fille approchait.
– Akizuki, prends soin de lui, il faut que je retourne aider les autres.
– De toute façon, j’ai perdu tous mes pouvoirs, répondit la fille. Je serai plus utile à m’occuper de lui que d’essayer de vous aider.
Sakura déploya ses ailles, rejoignant ses amis qui étaient dans le ciel. Un jeune garçon, à peu près le même âge qu’elle, tenait entre ses mains un sceptre magique dont l’extrémité représentait un soleil. Il était entouré d’une personne avec des ailes d’ange dans le dos et de Kéro.
– Kéro, attaquons-le ensemble, dit Sakura. Yué, reste avec Eriol. Le sort d’entrave doit résister, coute que coute.
– Faites attention à vous, répondit le jeune garçon. Il a déjà absorbé les pouvoirs de Ruby Moon et de Spinel, il ne faut pas qu’il vole les vôtres.
Quelques secondes plus tard, accompagnée de Kéro, Sakura s’élançait vers leur adversaire. Il était incapable de bouger. Une ligne de force s’étendait de lui à Eriol, l’empêchant de faire le moindre mouvement. Mais même sans bouger, il était capable de projeter de puissants sorts magiques. Se frayant un chemin entre ses attaques, Kéro et Sakura avançaient peu à peu vers lui. Pendant ce temps, Yué créait des écrans de protection pour garder Eriol en sécurité. Au sol, Shield protégeait Shaolan et Akizuki.
A quelques mètres, Kéro envoya une puissante attaque de feu, et Sakura invoqua Light pour déclencher une attaque de lumière. Ne pouvant pas bouger, l’adversaire prit l’attaque de plein fouet. Les assauts combinés s’accumulaient autour de lui, formant une puissance qu’il ne pouvait contenir davantage. Cet amas d’énergie rentra en fusion et explosa tout autour de lui, projetant Sakura et Kéro à plusieurs dizaines de mètres. La ligne de force le reliant à Eriol rentra elle aussi en fusion, propageant l’attaque quasiment instantanément vers le sorcier. Son corps inerte tomba vers le sol, rattrapé de justesse par Yué. Kéro et Sakura tombèrent eux aussi, mais leur chute fut amortie par Windy qui venait d’agir de son propre chef.
Quand Sakura rouvrit les yeux, elle était assise dans un hall d’attente qui grouillait de monde.
– Tout va bien, mademoiselle ? Vous sembliez avoir un sommeil agité ?
Elle tentait de remettre au clair ce qu’elle avait vu. Ce rêve, elle l’avait déjà fait à plusieurs reprises. Mais cette fois, tout était plus clair. Le combat, l’ennemi, les alliés, et surtout, le lieu où se déroulait l’action. Cette tour, ce n’était pas la tour de Tokyo comme elle l’avait pensé, mais la tour Eiffel. Ce rêve n’était pas une prémonition, mais des souvenirs de son passé. Et c’est à Paris qu’elle trouverait les réponses.
– Ca va bien, merci. C’était juste un rêve un peu trop réaliste.
Alors qu’elle continuait à se remémorer les différents éléments qu’elle avait vus, une annonce se fit entendre.
Mesdames et messieurs, l’embarquement pour le vol à destination de Paris Charles de Gaulle va bientôt débuter. Merci de vous rendre dès maintenant en porte 24.